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Antoine de Neuville : Un homme d’exception
Lorsqu’à 17 ans, Antoine de Neuville, alors jeune étudiant en lettres classiques, foule pour la première fois le sol hellène, sa destinée en est tracée. Animé par l’idéalisme que son entourage lui connaît, il crée les premiers voyages universitaires de France vers la Grèce. Il fonde en 1964 l’association ATHÉNA ; immense succès, qui ne se démentira pas 38 années durant, sous sa direction.
En 2002, suite à des dissensions au sein d’Athéna, Antoine de Neuville décide de créer ARISTA pour rester fidèle à ses engagements premiers. Il s’agit de poursuivre le combat pour les langues anciennes, indissociable de l’idéal d’excellence. Tout au long de sa carrière, il entraînera dans son sillage de nombreux professeurs de lettres classiques, à qui il communiquera sa passion inconditionnelle pour la Grèce et le désir de transmettre les valeurs qui lui sont chères.
Son engagement philhellène est tel que de nombreux Grecs lui vouent encore une amitié et une reconnaissance profonde pour toutes les actions qu’il a menées. Il n’hésite pas à frapper à la porte des plus grandes personnalités politiques ou médiatiques pour les convaincre du bien-fondé de son action et obtient leur soutien.
Lors d’un mouvement de grève sans précédent en Grèce, interdisant l’accès de l’Acropole au public pendant des jours, grâce à sa force de persuasion légendaire, Antoine obtient même des gardiens grévistes occupant le site, l’ouverture exclusive de l’Acropole à ses groupes de jeunes élèves français hellénistes, qui méritaient bien pour leur amour du grec ancien et de la Grèce qu’on leur laisse l’accès au plus beau symbole de la Grèce antique.
Pour son dévouement à la cause grecque, le président de la République Hellénique l’honore de la plus haute distinction remise à un étranger, la Grand-Croix d’Or de l’Ordre de l’Honneur. En 2005, trois nouvelles récompenses exceptionnelles lui seront discernées : la Médaille de la ville de Ioannina, la médaille de l’Amphictyonie delphique et le Prix Chateaubriand de la Francophonie.
- Il crée le séminaire homérique international de Chio avec François Chamoux, Sir Hugh Lloyd-Jones de Cambridge, Reinhold Merkelbach de Cologne.
- Il crée le séminaire de langue néohellénique d’ALONNISOS.
- Il crée le Concours National de Civilisation Hellénique, qui connut jadis un immense succès et dont les Lauréats du premier concours seront reçus rue de Grenelle par le Ministre de l’Éducation Nationale, Jacqueline de Romilly et Jean Bousquet.
- Il prend part à des émissions de télévision en Grèce avec les célèbres Lakis Lazopoulos et Pavlos Tzimas, où il incite les Hellènes à garder vivante et riche leur langue, vecteur de leur culture et de leurs traditions.
- Il organise le mois culturel grec à Annecy inauguré par le président de la République hellénique.
- Il s’implique, aux côtés du grand mathématicien, le Professeur Spyros PNEVMATIKOS, dans les Foyers de la Connaissance et dans l’Association des Anciens Comptoirs grecs de Méditerranée ;
- Il fonde ARISTA.
- Il sponsorise chaque année le Concours International CICERO fondé et dirigé par M. P. Voisin.
- Il favorise des opérations de solidarité entre élèves français et élèves grecs en collaboration avec la Croix Rouge hellénique.
Il s’est éteint le 17 mai 2020 en écoutant ses rembetika préférés, le sourire aux lèvres et l’esprit serein. « Le bonheur vient à celui qui est fécond et productif, même quand il connaît des coups durs.[…] Être heureux ce n’est pas connaître une vie de quiétude, c’est l’énergie d’agir, la joie de faire » écrit Andrea Marcolongo.
Antoine de Neuville fait partie de ces hommes qui laissent une trace. Son action aura marqué des milliers d’élèves, d’étudiants et de professeurs grecs et français, en près de soixante ans. À travers Arista, son oeuvre est inscrite dans la durée et toujours vivante grâce à la confiance de milliers de fidèles. Ses cendres ont été dispersées, selon son souhait, dans la mer Égée.
Témoignages
Le concours CICERO est en deuil
Antoine de Neuville, directeur-fondateur d’ARISTA depuis 2002, vient de nous quitter, nous léguant le message humaniste qu’il porte de la manière la plus haute et la plus exigeante depuis 1965, année où il fonda sa première association de voyages universitaires : ATHÉNA.
Nous regrettons celui qui, dans les valeurs fidèles de l’amitié, a permis au Concours international CICERO de prendre l’ampleur qui est la sienne depuis 2006 ; mais nous perdons surtout celui qui, non seulement représentait, mais, avant tout, incarnait de la manière la plus intense – et surtout la plus pure – ce que nous appelons l’hellénisme, loin d’en faire un quelconque outil personnel.
Le Prix ARISTA qui récompense chaque année le grand lauréat du Concours CICERO portera désormais son nom : Prix Antoine de Neuville – ARISTA.
Antoine de Neuville était Grec au fond de son cœur et nous lui souhaitons de retrouver à présent toutes les figures de la Grécité qu’il aimait et faisait vivre à travers ses actions pour la jeunesse, tourné vers les valeurs de la Grèce éternelle qui ne peut cesser de nous construire.
Patrick Voisin, directeur-fondateur du Concours CICERO.
Il y a 60 ans déjà...
Antoine et moi sommes devenus amis à la Faculté des Lettres de Rennes où nous suivions les cours de Jean Bousquet, futur directeur de l’ENS Ulm et de Jacques Bompaire, philologue et futur président de Paris Sorbonne. Nous étions émerveillés par leur connaissance de la langue et de la civilisation grecques, et séduits par leur amour communicatif de la Grèce moderne qu’ils nous incitèrent à découvrir. L’occasion se présenta sous la forme d’un job estival d’accompagnateurs au service du Club Européen du Tourisme.
Ce fut pour nous deux un éblouissement et pour Antoine de Neuville le début d’une folle passion. La Grèce de ces années-là était pauvre, frugale, libre et incroyablement hospitalière : au petit hôtel de Nauplie, l’hôtesse nous apportait une bassine d’eau pour enlever la poussière des routes, selon le rite antique ! Dès que nous arrivions à Delphes, le coiffeur Giorgos fermait sa boutique, prenait sa guitare et nous accompagnait au bain de mer à Itea ! À Athènes où les hôtels étaient rares et souvent complets, nous dormions sur les paillasses des terrasses ou au creux des arbustes de la colline des Muses.
Nous avions pour formateur un guide grec du nom de Kakousis, flamboyant conteur oriental et véritable réincarnation de Zorba, qui était connu dans toute la Grèce pour ses excentricités. Que de souvenirs partagés avec ce personnage haut en couleur capable de réinventer les « Nuits attiques » sous la forme de pique-niques géants sur les pentes de l’Hymette ! Les nuits enchanteresses d’Athènes étaient aussi belles que les jours ! Je revois encore Antoine dévalant avec sa 2CV l’avenue Syngrou, alors voie unique, poussiéreuse et encombrée de véhicules, de charrettes, de chiens errants et d’ânes, pour gagner Phalère où retentissaient, jusqu’au bout de la nuit, les orchestres de bouzoukis ; où se produisaient les grands noms de l’époque Tsitsanis, Zambetas, Marinella, pour s’achever au petit matin par la dégustation de patsas (soupe de tripes) au marché central d’Athènes. À la rentrée universitaire et avec quelque provocation, le tourne-disque de la 2CV faisait profiter tout Rennes de la musique tonitruante des enregistrements estivaux !
C’est dans ce climat d’exaltation juvénile qu’Antoine a fondé Athéna, avec l’espoir, quelque peu idéaliste, de partager le trésor grec avec le plus grand nombre. Car la voie était étroite entre le tourisme de masse dont Jacques Maillot avec « Nouvelles Frontières » était alors l’inspirateur, et certaines associations élitistes ou onéreuses. Pour réussir, il a sillonné la Grèce inlassablement, au point de la connaître mieux que quiconque, sous tous ses aspects et dans tous les milieux, où il a noué d’innombrables amitiés qui ont soutenu son action culturelle. Infatigable découvreur de sites méconnus, créateur inspiré d’actions culturelles innovantes (Concours national de civilisation hellénique, séminaire de langue et culture grecques contemporaines d’Alonnisos, séminaire homérique international de Chios, participation à la fondation de l’Union des comptoirs grecs de Méditerranée, etc.), il a voué sa vie à défendre les langues anciennes si menacées, avec un courage et une ténacité hors du commun et rapproché les passeurs de savoir et leurs étudiants des sources vivantes de ces traditions humanistes et de cette civilisation remarquable. Ces actions philhellènes ont été reconnues par l’État grec qui lui a octroyé la Grand-Croix de l’ordre de l’Honneur. Ce sont les mêmes vertus qui l’ont poussé plus récemment à la fondation d’Arista à laquelle je souhaite le même succès et la même longévité.
Permettez-moi de partager une dernière image que je garde à l’esprit : celle d’Antoine patientant des nuits entières à l’aéroport d’Athènes pour accueillir les groupes de voyageurs avec le sourire, la chaleur, la distinction qui faisaient son charme et lui valaient tant d’amis fidèles.
Georges PALICOT, professeur de Lettres
L’Athéna pensive
Au musée de l’Acropole se trouve un petit bas-relief de marbre représentant Athéna en armes. La déesse se tient debout dans son péplos aux mille plis et de profil, arrêtée devant une stèle, placée là comme un obstacle dans sa marche. Son front casqué, appuyé sur la lance guerrière, elle semble pensive et mélancolique. Antoine aimait particulièrement cette image de la déesse poliade – sans doute sa préférée du panthéon grec puisqu’elle devint la figure éponyme de l’Association qu’il fonda. Et, ce guide passionnant qu’il était dans sa culture encyclopédique de la Grèce, donnait une interprétation personnelle de cette sculpture. Il lui semblait voir la déesse pacifique se recueillir devant la stèle funéraire des guerriers morts au combat contre les Perses. Le sourire archaïque laissant place à cette moue boudeuse, profondément triste inaugurait ainsi une nouvelle période dans la statuaire grecque, dite « sévère ». Athènes en deuil pleurait ses enfants, la fleur de la cité prématurément fauchée, mais Athènes victorieuse rendait hommage aussi à leur mort glorieuse.
Tout ce qui donne sens à l’existence d’Antoine est déjà présent, condensé dans ce marbre: un idéal à partager, sa foi en la jeunesse, le sens de l’honneur et de la Justice.
Toute sa vie, sous l’égide de la déesse, Antoine a pourfendu les « Barbares », célébré comme un héritage sacré des valeurs universelles. Il le faisait avec la pugnacité du missionnaire et la bienveillance d’un humaniste.
La déesse est en deuil, mais l’oeuvre d’Antoine se poursuit à travers ses filles – « Bon sang ne saurait trahir » disait-il- et grâce à tous ceux qui n’oublieront ni son sourire radieux ni son amitié qui éclairaient leur chemin.
« Πάντα Ζεί ο ήλιος ζεί! »
Maryline Hadjakis, Professeur de lettres classiques
Révélation
Ce n’est pas par hasard que je suis devenue professeur de lettres classiques. J’ai eu la chance d’avoir des maîtres, et Antoine en fait partie.
Il avait déjà donné un bel essor à l’association Athéna et il était en poste, au début de sa carrière, à Saint-Claude dans le Jura où j’ai commencé l’étude du grec. Nous passions avec lui plus de dix heures par semaine, puisqu’il nous enseignait cette année-là le français, le latin et le grec.
Il y a des enseignants incolores qui ne subsistent dans votre mémoire qu’à l’état de fantômes. Et il y a ceux qui impriment dans votre existence une marque déterminante qui ne s’effacera plus.
J’entends, je vois encore, comme si c’était hier, Antoine, enthousiaste, nous dire qu’il fallait « absolument » lire les Mémoires d’Hadrien, ou bien, alors que nous butions sur la traduction de quelques phrases de la Cyropédie, nous jouer, hilare, en grec moderne, le dialogue entre Cyrus enfant et son grand-père ! « giati, papou… »
Comment résister à son émerveillement communicatif, quand il nous faisait découvrir l’art archaïque, la grâce des Tanagra, la stèle d’Athéna pensive… ?
Et que dire de ce tout premier voyage en Grèce, en 1973, voyage des terminales qu’il organisait chaque année et auquel il obtint l’autorisation de nous associer, alors que nous n’étions qu’en première, car il allait quitter le lycée de Saint-Claude? Première rencontre avec l’Aurige, le Cavalier Rampin, premières déambulations dans Plaka, et cette soirée de musique – quasiment onirique ! – dans une boîte athénienne, où il nous avait invitées, nous les élèves de grec !
C’est encore grâce à Antoine que j’ai pu enfin construire un vrai pont entre Grèce antique et Grèce contemporaine, lors des séminaires d’Alonissos, d’où nous repartions chaque année plus riches d’un tel trésor d’histoire, de littérature, de chansons et de danses grecques, et de rencontres inoubliables.
Oui, la passion d’Antoine pour la Grèce était communicative. Je peux dire qu’il m’a inoculé de façon définitive le virus du philhellénisme, et j’espère, plus que tout, l’avoir à mon tour transmis à mes propres élèves.
Claudine Nast, Professeur de lettres classiques
Les étés grecs
Antoine,
En dépit parfois de conditions très difficiles, mais dans une atmosphère communautaire et de joie de vivre, j’ai rejoint ton équipe en juin 1973. J’ai immédiatement adhéré à ton projet culturel et aussi, d’emblée, à ta vision de la Grèce hors des sentiers battus et non exclusivement ancrée dans les « splendeurs de l’Antiquité. » Au fil du temps, tu avais inclus dans les voyages de nouvelles découvertes tels que les monastères byzantins, les monuments aux morts du XIXe siècle grecque contemporaine. Ton combat pour l’Hellénisme a toujours été indissociable de ton amour pour les Grecs, avec lesquels tu nouais si facilement des amitiés, avec les « grands », comme avec les Grecs du peuple, que ce soit le Papous du “koutouki” en sous-sol du Pirée avec ses dizaines de tonneaux de retsina, le Barbas de la “lokanta” de Tégée ou la famille Léfas, et combien d’autres !
Tu vouais une passion à la musique grecque, et en cela tu me rejoignais dans la place que la plupart d’entre nous lui consacrions dans notre volonté de transmission d’un « certaine idée de la Grèce ». C’est cette Grèce que tu as contribué à faire connaitre grâce aux séminaires des Gets où tu invitais des spécialistes illustres de l’Antiquité (je me rappelle encore une conversation passionnante avec Roland Martin nous racontant ses péripéties pour atteindre Delphes pendant la guerre civile), ou le Mois grec à Annecy où tu avais fait venir Pâris et Méropi Prékas, deux grands artistes peintres grecs, qui t’admiraient sincèrement, le joueur de marionnettes de Karagiosis et bien sûr le concert inoubliable de Linos Kokotos. Que de belles rencontres as-tu créées et facilitées ! J’aimerais terminer par une anecdote amusante liée à la musique: le « coup de frayeur » de l’été 74, sous la dictature. Tu m’attendais au Pirée où je devais faire dédouaner ma voiture, quand soudain, une préposée cerbère demanda à fouiller le véhicule dans lequel je cachais en contrebande une vingtaine de cassettes de Theodorakis, des andartika, rébétika interdits, des journaux des étudiants grecs de Nice qui me les avaient confiés pour « transmission ». Tu as réussi à garder ton sang froid et au redémarrage de la voiture, tu as éclaté de rire !
Je te remercie, Antoine, d’avoir « été » et d’avoir tant fait pour notre Grèce qui, tu le savais, nous « fait mal ». Je te suis reconnaissante de ton amitié, ta confiance et tant de découvertes, ainsi que pour ce que tu nous as permis de devenir, d’expérimenter, d’aimer, et finalement d’avoir poussé la porte de cette salle où je parlais de rébétika, il y a trois ans à Paris. À la fin de l’été quand les cigales se taisaient, ce qui te rendait toujours malheureux, tu disais comme les grecs « παι το καλοκαίρι ! » C’est avec un serrement au cœur et beaucoup de gratitude de t’avoir connu, qu’avec ton départ, je dis adieu à ces étés grecs…
Katherine Nazloglou, Agrégée d’Histoire, Docteur de III°Cycle en Histoire de l’Art
Stèle
Avec Antoine, j’ai découvert les couleurs de la Grèce, j’ai senti que la patrie des Muses et de l’esprit avait aussi un corps. Quand je pense à Antoine, m’apparaissent des images indissociables de sons, de parfums et de saveurs. Des images de table, des images à table. Être invité à la table d’Antoine, c’était en quelque sorte accéder à l’expérience du συμπόσιον. Antoine avait un indéniable sens de la convivialité, et un infini plaisir à partager ce qui le faisait vibrer. Dans mes souvenirs, il est également indissociable des rébétika qu’il nous avait fait découvrir, avec Martine. Le rébétiko, c’est un peu ma madeleine de Proust de ce voyage des lauréats. La force d’Antoine, c’était de comprendre et de transmettre que cette musique-là constituait aussi l’âme grecque.
C’est également à Antoine que je dois la découverte du magnifique monastère byzantin d’Osios Loukas avec l’or des mosaïques et la fascinante figure du Christ Pantocrator. Le programme de ce voyage reflétait bien l’éclectisme d’Antoine qui, telle une abeille industrieuse, nous apprenait à faire notre miel des mille fleurs de la civilisation gréco-romaine.
Antoine a aussi influencé ma pédagogie : à chaque étape du voyage, il nous incitait à écrire, à dessiner. Je me rappelle avec émotion la course olympique qu’il avait organisée ou la tardive matinée théâtrale à Épidaure (ma « troupe » avait interprété une adaptation d’Andromaque de Racine, réécrite par nos soins, avec les décors de Vincent Dorothée, dessinés sur des nappes de restaurant). Curiosité, créativité, travail en commun étaient déjà pour lui les ingrédients de l’excellence.
Plus qu’aucun autre, Antoine s’est investi dans la défense des langues anciennes ; il a milité au sens étymologique du terme, il a bataillé pour préserver les options de latin et de grec, et empêcher les fermetures de classe : défendre et promouvoir les lettres classiques passait pour Antoine par la pratique, par l’expérience du voyage. Je me suis souvenue de cette leçon de vie lorsque j’ai moi-même commencé à organiser des voyages pour mes élèves. Je me suis efforcée de partager avec eux le trésor et le bonheur qui m’avaient été transmis.
Enfin, s’il me fallait résumer Antoine en un mot, je dirais qu’il était un Vivant. Quand on considère l’œuvre d’Antoine, on comprend que parler de « langue morte » est un non sens et que le grec, comme le latin, sont des nourritures qui vivifient. Ainsi, selon la formule de Bossuet, notamment par ce qui fut l’œuvre de sa vie, Antoine est « infiniment estimable en tant qu’il aboutit à l’éternité. » (Sermon sur la mort)
Frédérique Bournet-Castelli, lauréate en 1992 ; aujourd’hui professeur de Lettres classiques
Mon ami, un ardent philhellène,
Antoine est constamment présent dans mon esprit, souriant et dynamique, combatif et créatif, plein d’amour pour la Grèce. C’est l’image que je retiens de notre première rencontre, voilà près d’un demi-siècle.
Pour moi qui suis Grec, Antoine incarna tout au long de sa vie les valeurs de l’hellénité. Lorsque le président de la République hellénique l’a honoré de la grand-croix de l’ordre de l’Honneur, j’étais présent, ému et fier d’être Grec au même titre qu’Antoine.
C’est à Antoine que je dois ma rencontre avec Jacqueline de Romilly. Elle nous a encouragés à rédiger le Mémorandum pour les Lettres classiques en Europe.
Une autre action commune fut la création de l’Union des comptoirs grecs de Méditerranée et notamment son volet pédagogique qui reliait les initiatives des professeurs de trente-trois villes.
Il y a un an, dans cette même brochure, je concluais ma présentation du Foyer de la connaissance par un hommage à Antoine. Il en fut un ardent promoteur. Notre passion commune pour le savoir est d’ailleurs à l’origine de notre si longue amitié.
Ces dernières années, au moment où la Grèce souffrait tant, son ardent philhellénisme se manifesta à plus d’une occasion.
Spyros Pnevmatikos
Professeur de mathématiques à l’Université de Patras et fondateur des Foyers de la Connaissance